La maison du Lutzelbourg

La maison de chantier, actuellement utilisée par notre association pour remiser le matériel est un bâtiment mineur du site des châteaux d’Ottrott. Elle a été complètement reconstruite avec un toit à deux pans, dans les années 1970 afin de servir comme base logistique des bénévoles de l’opération Taupe et du chantier des fouilles du centre d’Archéologie  Médiévale » de Strasbourg dirigées par Mr Charles-Laurent Salch, et Mme Danielle Fèvre, les grands spécialistes de nos châteaux d’Ottrott..

Cette bâtisse a été reconstruite sur les fondations d’une maison antérieure que l’on peut voir encore debout avec un toit à quatre pans sur les cartes postales ou photos du début du XXème siècle.

Les photographies, cartes postales ou illustrations de livres anciens permettent de visualiser ce qu’elle était à l’origine et cerner la date du début de la destruction.

La toiture disparaît au début des années 1920. Les photos les plus proches de sa reconstruction montrent que la végétation a envahi l’intérieur du bâtiment au début des années 1960.

Un incendie au début des années 1920 pourrait expliquer une ruine si rapide et complète. Cette hypothèse semble confirmée par C-L Salch dans son fascicule « les deux châteaux d’Ottrott » édition de 1997, qui mentionne cette « maison forestière du Lutzelbourg » comme ayant été construite vers 1800 et ruinée par malveillance dans les années 1920.  Dans les années 1970 la maison a été mise hors d’eau avec une vieille charpente du XVIIème siècle provenant d’une maison en démolition.

A ce que nous en savons, le premier étage, en sous pente servait à loger les garçons participants aux chantiers (nous avons évacué les anciens matelas). Les filles quant à elles logeaient dans la petite maison en contrebas du mur d’enceinte Nord. Cette maison ancienne à colombage a été reconstruite sur le site au début des années 80. Bien entendu elle mériterait d’être sauvegardée.                                                                                                                                                                                          

Selon une gravure de J A Silbermann, une maison existait déjà antérieurement à cet endroit avant 1781. Sa représentation est nettement différente de celle du dessin de Louis Laurent-Atthalin réalisé en 1836 qui montre un seul corps de bâtiment avec un toit à deux pentes. On distingue également sur son illustration le toit de la construction alors adossée au mur de la rampe d’accès au Lutzelbourg.

Cette maison de chantier ou plutôt celle qui l’aurait précédée à cet endroit n’est peut être pas si insignifiante qu’elle n’y paraît, en effet,  elle est liée à la légende d’un chasseur diabolique.

Dans son livre « l’Alsace et les alsaciens à travers les siècles » (Edition Furne et Jouvet 1891) Charles-Emile MATTHIS raconte le voyage du Colonel en retraite Lamy et de sa famille qui logent à la maison forestière des châteaux d’Ottrott, chez Jean Harold, garde forestier et ancien soldat d’ordonnance du Colonel en Crimée.  Au fil des visites locales le Colonel Lamy raconte l’histoire d’Alsace à ses petits enfants. Page 93, l’auteur  raconte :

«  Le château de Lutzelbourg est moins important que celui de Rathsamhausen dont il est séparé par un profond et large ravin. Après l’avoir également visité, les enfants nous questionnèrent sur  la petite masure abandonnée qui occupe la pelouse au devant du manoir. Hans leur avait dit qu’elle était hantée par le fameux chasseur diabolique qui, à certaine époque de l’année, part de ces ruines, escorté de sa meute infernale pour entamer sa chasse fantastique.  Selon l’auteur, la scène se déroule au Xème siècle à l’époque où Herrmann de Souabe, était Duc d’Alsace. Sur ce rocher s’élevait le sombre castel du Rheingraf Eberhard, surnommé le sauvage. La légende de ce  comte, homme ‘cruel et sans religion, qui ne se plaisait qu’aux orgies, à la chasse et à la guerre’ est relatée en détail dans le livre.

Vous pouvez également voir à ce sujet l’article de Pierre Parsy :

http://www.autour-du-mont-sainte-odile.fr/2017/01/der-wilde-jager-a-ottrott.html

                                                                                                          Pascal Bourgis


Agrandissement d’une illustration des châteaux d’Ottrott extraite de l’album de BC Bernhoeft « Strasburg Metz u die Vogesen » édité en 1890

Agrandissement d’une illustration des châteaux d’Ottrott extraite du livre de Emile Wagner Ruines des Vosges Cliché pris avant 1899

Agrandissement d’une illustration des châteaux d’Ottrott
d’après cliché Wioland 1906 photo d’avant 1903

Agrandissement d’une illustration des châteaux d’Ottrott extraite du livre L’Alsace et la Lorraine ouvrage collectif 1917.

Agrandissement d’une illustration des châteaux d’Ottrott extraite
d’une Carte Postale photo aérienne d’avant 1922

Agrandissement d’une illustration des châteaux d’Ottrott extraite d’une CP d’avant 1925
Le toit a disparu !

Agrandissement d’une illustration des châteaux d’Ottrott extraite d’une
Carte Postale avant 1960

Agrandissement d’une illustration des châteaux d’Ottrott extraite du livre Chateaux de Vosges de G trendel  la végétation pousse à l’intérieur ,les murs sont très bas. Vers 1960.

Agrandissement d’une illustration des châteaux d’Ottrott présente dans « Ctx et guerriers de l’Alsace médiévale » de P Schmitt et reprise dans Chateaux et guerriers de la France au Moyen Age T2 de  A Chatelainjuste avant reconstruction, vers 1968-1970.

Agrandissement d’une illustration des châteaux d’Ottrott de Silbermann, dans. Beschreibung von Hohenburg od. dem St. Odilienberg, (1781)

Agrandissement d’une illustration des châteaux d’Ottrott de Louis Laurent-Atthalin (1836) in « Ottrott et environs, esquisses de 1836 » EO 1904

4 commentaires sur “La maison du Lutzelbourg”

  1. Et je vous assure que dans les années 1980 remonter des centaines de tuiles à la brouette depuis le parking du bas par le petit chemin à flanc de coteau qui arrivait derrière la maison, c’était pas de la tarte !

  2. En 1969, j’ai participé à la “restauration” de ce château avec l’association Operation TAUPE de Strasbourg. Il y avait des jeunes garçons et filles (minimum 16 ans) qui venaient de toute la France et nous étions “logés” sous des tentes. Les garçons et les filles séparés. À l’époque le travail principal consistait à dégager le château de la végétation ce qui a dû accélérer sa ruine.

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